Bassins océaniques du Canada

D’une côte à l’autre : Que savez-vous sur les trois bassins océaniques du Canada?

La côte du Canada est la plus longue de tous les pays du monde et borde trois bassins océaniques. Ces bassins sont les trois parties reliées entre elles d’un seul et même vaste océan mondial et chacun d’entre eux a ses propres caractéristiques bien particulières. Avec ses eaux riches en nutriments et ses bouches hydrothermales, l’océan Pacifique renferme des espèces marines d’une abondance sans pareille. L’Atlantique absorbe de vastes quantités de dioxyde de carbone et il est la principale source de poissons et de fruits de mer pour la pêche au Canada. L’Arctique est de plus petite taille, mais puissant, et c’est dans ses eaux que se déversent un dixième des fleuves et rivières de la planète. Il renferme des formes de vie et des cultures uniques en leur genre et il est aussi le bassin océanique le plus vulnérable face aux changements climatiques.

« Le Canada a la chance d’avoir une côte splendide d’une longueur totale d’un quart de million de kilomètres. L’histoire de cette côte est marquée par la présence de mammifères, de poissons et d’oiseaux marins parmi les plus nombreux au monde. Nous avons tous notre rôle à jouer pour ce qui est de protéger et de restaurer ce riche environnement et de veiller à ce que nos océans restent des milieux sûrs et salubres pour les générations à venir », explique M. Boris Worm, cofondateur de l’École de l’Océan. « Laissez l’École de l’Océan vous emmener en voyage pour apprendre en explorant des lieux, des peuples et des histoires des trois côtes de notre pays. »

L’océan Pacifique
La plaque tectonique de Juan de Fuca, qui se situe juste à l’ouest de l’Amérique du Nord, est en train de s’enfouir sous le continent. Ce processus, appelé subduction, a pour effet de plier et de fendre les plaques. Il s’agit d’un processus qui s’étale sur des millions d’années et qui correspond à l’évolution de la surface de la Terre. Il est à l’origine de tremblements de terre et de tsunamis, qui atteignent parfois la côte nord-américaine ou se dirigent de l’autre côté de la planète.

Plus près du rivage, les courants océaniques le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord viennent déposer à la surface de l’eau et dans les eaux côtières peu profondes des nutriments en provenance du fond de l’océan. Ces nutriments alimentent la croissance des algues et constituent la base même de la chaîne alimentaire marine. Les algues, présentes en abondance, fournissent de la nourriture et un habitat pour toutes sortes d’êtres vivants aquatiques. Les jeunes saumons dévalent la rivière où ils sont nés et deviennent, à l’âge adulte, des poissons capables de vivre dans l’eau salée, à l’abri dans de denses forêts de varech, où de longues feuilles vertes ondulantes partent des racines au fond de l’océan pour monter vers la lumière à la surface.

Les Haíɫzaqv (Heiltsuk) ont une connaissance intime de ces eaux côtières. Depuis plus de 14 millénaires, ils pêchent des poissons comme le saumon dans ce qui s’appelle aujourd’hui la côte centrale de la Colombie-Britannique. Pour eux, quand le saumon quitte l’océan pour remonter la rivière où il va se reproduire, il vient aussi nourrir les gens. Dans leur relation avec l’océan et avec ce poisson important, les Haíɫzaqv considèrent qu’en tant qu’êtres humains, ils sont responsables de prendre soin du poisson et de veiller à ce qu’il puisse rentrer chez lui dans un environnement salubre.

L’océan Atlantique
La côte est du Canada est caractérisée, pour une grande part, par des plateaux continentaux qui partent de la rive pour atteindre des distances allant jusqu’à 200 km et plus encore. Il s’agit de parties du continent qui s’étendent sous la mer et, comme les eaux sont relativement peu profondes, avec une profondeur moyenne de 90 m, elles sont éclairées par la lumière du soleil et offrent un habitat idéal à de nombreuses espèces marines.

Cette vaste région à proximité de la rive comprend la baie de Fundy, qui, en raison de sa forme bien particulière, a des marées dont la hauteur atteint 16 m, soit les plus hautes au monde. Les puissants courants des marées viennent déposer des nutriments dans la baie, qui servent à nourrir la chaîne alimentaire océanique : les oiseaux des mers viennent fouiller dans les replats boueux des marées et les baleines noires, une espèce en voie de disparition, passent l’été à se nourrir de minuscules crustacés appelés copépodes.

Le crabe et le homard, qui sont des crustacés vivant au fond de la mer, sont florissants dans la baie et dans le secteur de la côte et du plateau continental de l’Atlantique. Ce secteur a exactement la bonne température et offre toutes sortes de recoins où se cacher, comme les crevasses dans la roche. Ces eaux renferment également toutes sortes de poissons, de mollusques et d’autres petits êtres vivants à manger. En raison de cette grande et riche diversité écologique, l’océan Atlantique est l’hôte des activités de pêche les plus productives du Canada.
Plus au nord, l’océan absorbe de vastes quantités de dioxyde de carbone émis dans l’atmosphère. Dans le froid de l’Atlantique Nord, le dioxyde de carbone est absorbé vers le fond dans de profonds courants océaniques qui traversent la planète. Certains de ces courants refont surface à l’autre bout du monde après plus de 1000 ans. Cette « respiration » de dioxyde de carbone au fond de la mer fait de l’océan Atlantique un océan crucial en vue de modérer les effets des changements climatiques.

L’océan Arctique

Le bassin de l’océan Arctique ne renferme qu’un pour cent des eaux des océans de la planète et ne couvre que trois pour cent de la surface océanique. Et pourtant, dix pour cent des rivières et fleuves de la planète se déversent dans cet océan, et c’est là que 20 des fleuves les plus longs du monde prennent fin. Toute cette eau douce (non salée) se déversant dans l’océan Arctique forme une épaisse couche d’eau froide de 200 m à la surface, qui crée les conditions particulières dont la glace a besoin pour se former dans la mer. Cette couche d’eau froide isole la glace de l’eau salée plus chaude qui provient de l’Atlantique et du Pacifique. Grâce à cette interaction bien particulière, l’eau des fleuves et des rivières empêche continuellement l’océan de faire fondre la glace polaire. La glace de l’océan Arctique joue un rôle crucial dans le climat de la Terre et pour les espèces animales propres à l’Arctique ainsi que dans la culture de peuples comme les Inuits.

Un tiers des côtes du monde et un quart de son plateau continental se situent dans l’Arctique. La région du plateau continental est une région renfermant une abondante vie marine, et l’Arctique compte environ 240 espèces de poissons. L’une des plus abondantes, la morue arctique, constitue un maillon important dans la chaîne alimentaire du continent : ce poisson se nourrit de plancton et d’animaux vivant au fond de la mer; les oiseaux des mers, les phoques et les baleines se nourrissent de la morue. Quand elle est encore jeune, la morue arctique se sert de la glace comme habitat protecteur. La fonte de la glace liée aux changements climatiques risque d’avoir des répercussions sur ce poisson et sur tout l’écosystème de l’Arctique.

Nous sommes nombreux au Canada à habiter loin de l’océan. Quand nous habitons sur la côte, nous connaissons mieux notre propre côte que les autres. Dans notre périple pour en apprendre davantage sur l’océan, il nous faut explorer des lieux qui sont loin de chez nous. Les connaissances sur l’océan nous aident à mieux comprendre qu’il forme un système interconnecté,relié à l’ensemble des habitants sur terre, et renfermant des écosystèmes et des bassins d’une importance incommensurable qui méritent d’être protégés.