Le phytoplancton tire profit des courants Océaniques, tout comme les graines de pissenlit ou d’érable profitent du vent pour atteindre de nouveaux endroits où elles pourront pousser. Dans le mot phytoplancton, la racine plancton vient du terme grec signifiant vagabond parce que le plancton erre au gré des courants Océaniques. Et, comme les pissenlits qui éclosent dans la chaleur et la lumière du printemps, le phytoplancton éclot quand les conditions sont bonnes pour lui. Il éclot quand les courants l’entraînent à proximité de la surface de l’Océan (où la lumière du soleil l’atteint), quand la température de l’eau est idéale et quand l’eau contient les nutriments qu’il lui faut pour se développer. Pour parvenir à se rendre dans les lieux présentant les conditions idéales, le phytoplancton dispose de plusieurs adaptations toutes particulières pour un organisme d’une si petite taille : il a une surface relativement importante par rapport à son volume, ce qui l’aide à flotter et à avoir accès à l’énergie du soleil; il a aussi des pointes qui répartissent son poids sur une plus grande surface, ce qui lui permet de mieux flotter et de disposer d’une plus grande surface pour la photosynthèse.
À la base même de la chaîne alimentaire marine, l’apparition du phytoplancton au printemps en quantité énorme est immédiatement suivie d’une éclosion tout aussi courageuse d’animaux marins minuscules consommant le phytoplancton. Ces animaux forment ce qu’on appelle le zooplancton. Les baleines franches migrent tous les étés dans le nord-ouest de l’Atlantique pour consommer une forme de zooplancton appelée copépodes. Les baleines balayent la surface de l’Océan, en filtrant l’eau pour en extraire ces aliments minuscules. Elles consomment suffisamment de copépodes pendant l’été pour pouvoir jeûner pendant la majeure partie de l’hiver, qu’elles passent dans les tropiques de l’Atlantique.
Le changement climatique est récemment devenu une source d’inquiétude pour la viabilité de la chaîne alimentaire marine. Boris Worm, directeur scientifique de l’École de l’Océan, explique : « Avec le réchauffement de l’eau à la surface, les réserves de nutriments en provenance des eaux plus profondes diminuent, et le phytoplancton devient plus petit et moins abondant, ce qui fait baisser la productivité de l’écosystème. En atténuant les effets du changement climatique conformément aux engagements pris dans l’Accord de Paris de 2015, on réduira l’ampleur de ce phénomène et on contribuera à préserver l’abondance de la vie marine. »
L’Océan et ses organismes vivants microscopiques font partie d’un système complexe permettant à la vie de s’épanouir et d’évoluer dans la mer et sur terre. C’est à nous qu’il revient de protéger l’Océan à l’échelle planétaire, qui assure lui-même notre protection et notre subsistance à toutes et à tous, de façon parfois invisible pour nous.