• Comment allez-vous redonner à l'océan? Faites votre promesse à l’océan aujourd’hui!

  • En savoir plus

Articles

Sauvegar­der 30% de l'océan mondial

Par CarolAnne Black | Traduit de l'anglais par Camille Foisy

published 6 novembre, 2023
Un bateau traverse une grande surface d'eau glacée et laisse un sillon de morceaux de glace derrière lui.

Tuvaijuittuq, qui signifie en inuktitut «l'endroit où la glace ne fond jamais», est également le nom de la plus récente zone de protection marine (ZPM) désignée au Canada. Établie en 2019, elle est de loin la plus grande aire protégée du pays, tous types confondus. Tuvaijuittuq couvre 319 411 kilomètres carrés au nord-ouest de l'île d'Ellesmere dans l'archipel arctique canadien, soit plus de 5% des eaux territoriales du Canada. Elle possède également la glace de mer la plus ancienne et la plus épaisse de l'Arctique. Avec le réchauffement climatique, la région pourrait devenir le dernier vestige de la glace de mer de l'Arctique active toute l'année. Elle pourrait donc devenir le dernier refuge des animaux qui dépendent de la banquise pluriannuelle, comme les morses, les phoques et les ours polaires.

Les ZPM comme Tuvaijuittuq sont les versions océaniques des aires de conservation et constituent un élément essentiel pour la protection de notre océan mondial. Dans le cas de Tuvaijuittuq, établie par l’Association inuite du Qikiqtani en partenariat avec le gouvernement du Nunavut et le gouvernement du Canada, cette ZPM protège un habitat polaire essentiel, ainsi qu'un territoire inuit traditionnel important sur le plan culturel, mais aussi pour les récoltes et les déplacements.

De manière générale, les ZPM sont destinées à protéger les espèces clés, les régions riches en biodiversité (comme les cheminées hydrothermales et les canyons sous-marins) et les espaces riches en productivité biologique (c'est-à-dire les zones qui abritent une grande quantité de poissons, de plancton, de varechs, etc.) Elles existent à l'intérieur de la mer territoriale d'un pays, qui s'étend de la côte à 12 milles marins, et restreignent certaines activités sur leur territoire.

«Le Canada possède le plus long littoral du monde, bordant trois des cinq bassins océaniques mondiaux, explique Boris Worm, directeur scientifique de l'École de l'Océan. Avec une telle superficie océanique, la protection des habitats essentiels, de leurs caractéristiques uniques et des espèces rares est une condition essentielle du développement durable.»

Jusqu'à présent, le Canada a établi 14 ZPM, couvrant plus de 350 000 kilomètres carrés, soit environ 6 % de la zone océanique et côtière du pays. Trois d'entre elles se trouvent dans l'Arctique, trois autres dans le Pacifique et huit dans l'Atlantique. Ces ZPM répondent aux exigences de la Loi canadienne sur les océans.

​​Au Canada, les activités autorisées dans une ZPM sont déterminées en fonction des objectifs de conservation de chaque site. Cela signifie que des activités qui peuvent sembler contradictoires avec une zone protégée, telles que l'exploration pétrolière et gazière et l'exploitation minière, étaient initialement légales dans certaines ZPM canadiennes. Toutefois, en 2019, le Canada a renforcé les mesures de protection en interdisant quatre activités industrielles : les activités pétrolières et gazières, l'exploitation minière, le déversement et le chalutage de fond. Le hic, c'est que dans les ZPM qui autorisaient auparavant les activités pétrolières et gazières ou le chalutage de fond, ces activités peuvent être autorisées à se poursuivre. Dans le cas de Tuvaijuittuq, les activités autorisées sont l'exploitation de la faune par les Inuits, les activités de défense nationale et la recherche scientifique marine.

Un autre mécanisme de conservation des zones marines est celui des autres mesures de conservation efficaces par zone (AMCEZ). Il peut s'agir, par exemple, de zones gérées par des communautés autochtones ou de régions où les pêcheries sont fermées afin de permettre aux stocks de se reconstituer ou de protéger les animaux marins, comme les baleines, qui doivent être protégées contre les prises dans les lignes de pêche ou les collisions avec les navires. Les objectifs d'une AMCEZ sont différents de ceux d'une ZPM, mais ils permettent tous deux d'obtenir de réels résultats en matière de conservation.

Le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), publié au début de 2022, indique que le maintien d'une biodiversité et de services écosystémiques suffisamment résilients, tels que l'eau potable, l'air et la nourriture, dépend de la protection de 30 à 50% de la surface de la Terre (terres, eaux douces et océans). À ce jour, 8% de l'océan mondial est protégé, et seulement 2% bénéficient d'une protection totale ou élevée (sur terre, ce chiffre est d'environ 15% et de 21% pour l'eau douce).

Si l'on compte à la fois les ZPM et les AMCEZ, 14 % de la zone océanique du Canada est aujourd'hui protégée. Mais ce n'est que le début.

En 2020, notre gouvernement a rejoint la Global Ocean Alliance, s'engageant aux côtés de 71 autres pays à protéger 30 % de notre territoire océanique d'ici à 2030, conformément à la recommandation du GIEC.

À propos de CarolAnne Black

CarolAnne Black raconte des histoires d'océan. Elle écrit sur tous les sujets liés à l'océan, et aime particulièrement travailler sur des projets d'écriture qui contribuent à l'autonomisation des filles et des femmes dans le domaine de l'océanographie. Dans le cadre de son travail, CarolAnne a l'occasion de discuter avec des spécialistes de l'océan du monde entier et d'écrire sur la façon dont ils travaillent pour comprendre et protéger notre océan mondial. Elle aime nager avec ses trois enfants dans la rivière des Outaouais, près de leur maison, et parler de la façon dont l'eau retourne à l'océan.

🔗 Site web
🔗 LinkedIn

À propos de CarolAnne Black

Portrait de CarolAnne Black

Communauté

Voir tous les articles
  • Intégrer l'apprentissage bleu dans les salles de classe de l'Atlantique

    Intégrer l'apprentissage bleu dans les salles de classe de l'Atlantique
  • “Voir” en utilisant le son, les chants des baleines et être à l'écoute du monde marin

    “Voir” en utilisant le son, les chants des baleines et être à l'écoute du monde marin
  • Construire un avenir meilleur, une compétence numérique à la fois avec Digital Moment

    Construire un avenir meilleur, une compétence numérique à la fois avec Digital Moment
  • Récupérer pour créer

    Récupérer pour créer
  • L’économie bleue: de quoi s’agit-il et pourquoi vous devriez envisager d’y faire carrière?

    L’économie bleue: de quoi s’agit-il et pourquoi vous devriez envisager d’y faire carrière?
  • Rencontrez Naila Moloo

    Rencontrez Naila Moloo
  • La Décennie de l’océan et ce que cela signifie pour la protection des océans et l’avenir de notre relation avec la mer

    La Décennie de l’océan et ce que cela signifie pour la protection des océans et l’avenir de notre relation avec la mer
  • Journée mondiale de l'océan et le changement des marées

    Journée mondiale de l'océan et le changement des marées
  • Q&A avec la Trash Team de l'Université de Toronto

    Q&A avec la Trash Team de l'Université de Toronto
  • Les 5 principales mesures que vous pouvez prendre pour contribuer à résoudre le problème du plastique dans l’océan

    Les 5 principales mesures que vous pouvez prendre pour contribuer à résoudre le problème du plastique dans l’océan
  • Pourquoi il est important de connaître l’océan

    Pourquoi il est important de connaître l’océan
  • Ce qu’il faut savoir sur notre incroyable Océan

    Ce qu’il faut savoir sur notre incroyable Océan
  • Les vagabonds des mers

    Les vagabonds des mers
  • Bassins océaniques du Canada

    Bassins océaniques du Canada
  • L’océan et le climat

    L’océan et le climat
  • Voir tous les articles